Source: Salah Guermiche "Alger la blanche" Biographies d'une ville Ed. Barzakh
"(...) Dans sa longue carrière, M'Hamed El 'Anka' a enregistré ou produit près de deux cents disques, chez Columbia Records, puis chez Algeriaphone, et enfin chez Polyphone.
Plus de trente ans après sa disparition, il continue de hanter non seulement les ruelles et les cafés « maures » de la Casbah, de Bab-Jdid, son quartier natal, à la Pêcherie, sur le vieux port, mais aussi au-delà " (…)
"Ainsi, le chaâbi serait à Alger ce que le raï est à Oran : une référence identitaire. " (…)
(…)"Dans cette chanson, célébrissime, El Anka évoque son maître de musique, un algérois ayant, durant la Première Guerre mondiale, séjourné à Nador, au Maroc, d’où son nom de scène : Cheikh Mustapha Nador, de son vrai nom Mustapha Saïdi (1874-1936).C’était le véritable pionnier du chaâbi, héritier lointain, on l’a vu, de l’arabo-andalou, « surfant » entre melhoun (poésie chantée) et mdih : un genre antique associant tout un art de la déclamation (du slam avant la lettre !) et des séquences de litanies sacrées ou mystiques, genres avec lesquels Mustapha Nador s’était familiarisé durant les trois années passées dans le Rif marocain, dans la partie proche de a frontière algérienne. "(…)
"Le chaâbi eut ses ambassadeurs, en France, et continue d’en avoir occasionnellement avec la jeune génération de chanteurs, la communauté immigrée formant un public disponible et fidèle. Déjà dans les années 1940, El Anka avait fait ses premières tournées dans l’ex-métropole. Plus tard, d’autres représentants sillonneront les banlieues de France, chantant l’exil et la nostalgie du pays, à l’exemple d’Amar laâchab et, surtout, de Dahmane Harachi (1925-1980), qui s’installera en France, et dont l’un des titres phares, ya Rayeh, permettra à Rachid Taha, deux générations après, de réaliser son plus gros succès. "